"Post no bills", "Prohibido fijar carteles", "Proibido afixar"… Quelque soit son origine, sa langue, sa nationalité, nous connaissons tous cette sacro-sainte mention légale "Défense d’Afficher". Pourtant, quelque soit leur origine, leur langue, leur nationalité, des artistes passent outre cette interdiction pour faire des murs, de la rue, leur medium et offrir (ou imposer ?) aux passants leurs visions de la réalité.
Ce que le Street Art raconte du monde
Que nous disent ces street artistes ? Quel est le véritable sens de leur geste ? C’est de ces questions qu’est né le projet Défense d’Afficher, un webdocumentaire sur le street art qui plonge l’internaute dans une déambulation urbaine sur les traces de 8 artistes, dans 8 villes du monde
A travers ces parcours aléatoires en vue subjective, l’internaute accède à 8 documentaires d’environ 7 minutes. En se laissant guider par ces street artistes singuliers, il se rend vite compte que c’est le monde dans sa globalité et plus seulement leur monde que ces artistes racontent et interrogent. C’est la promesse même de Défense d’Afficher, porter des multiples regards sur la rue pour que surgisse alors une invitation : regarder le monde autrement depuis son écran.
LUDO / PARIS par DEFENSE_DAFFICHER
Ville virtuelle, ville réelle
Au-delà du Webdoc, l’expérience Défense d’Afficher continue dans la rue grâce à l’application iPhone All City (gratuite du 19 au 25 mars). En plus des 8 films, le mobinaute peut utiliser cette appli pour découvrir et partager simplement le street art autour de soi. Un outil idéal pour suivre les street artistes incontournables et en découvrir de nouveaux, partout dans le monde.
8 artistes, 8 villes, 8 réalisateurs
ATHENES
Artiste : Bleeps
Realisateur : Dimitris Petalas
Depuis les années 60, le street art a pris l’habitude d’accompagner les révolutions. Cette fois c’est à Athènes que ça se passe. Tandis que le pays s’enfonce dans la crise et que l’Union européenne oblige l’Etat grec à adopter une politique de rigueur, la population s’embrase et avec elle, les murs de la ville.
Partout, slogans, affiches et pochoirs dénoncent une société consumériste dominée par le règne de l’argent et de l’égoïsme capitaliste. En tête de ce mouvement « artiviste », Bleeps et son équipe. Ecoeurés par l’accroissement de la pauvreté et le cynisme des responsables, ils ont décidé d’agir et de réveiller les consciences : à coup de pochoirs assassins.
BOGOTA
Artiste : Bastardilla
Réalisateur : Lionel Rossini
Le street art est généralement l’apanage des hommes. A cause des risques ou parce qu’elles n’ont pas été éduquées à se faire entendre, peu de femmes s’aventurent dans les rues pour dessiner. Mais il existe des exceptions. A Bogota, Bastardilla, une jeune femme de 28 ans, se rend dans les quartiers les plus pauvres de la ville pour y dessiner. Ses immenses fresques très colorées dénoncent la dureté des conditions qui y règnent et en particulier, la violence faite aux femmes.
NAIROBI
Artiste : Bankslave
Réalisatrice : Eva Munyiri
Les pionniers de New-York n’en finissent pas d’essaimer. Partout la culture du graff continue de se diffuser lorsque l’urbanisation gagne du terrain.
A Nairobi, Bankslave est graffeur. Tandis qu’il incarne la vitalité de cette culture dans son quartier de Kibera, le film révèle comment se mêlent là-bas richesse et pauvreté mais aussi influences globales et traditions culturelles nationales.
NEW-YORK
Artiste : Meres One
Realisateur : Trevor Tweeten
C’est de New York qu’il faut partir, car c’est là que tout a commencé. En plein cœur de Queens, un lieu nous le rappelle. Ce lieu c’est 5 POINTZ, un temple dédié au graffiti et à tous les anonymes qui dans les années 70 l’ont inventé pour signaler à la société qu’ils existaient. Dans ce bâtiment hors norme où des milliers de graffeurs du monde entier viennent chaque année apposer leur signature, pas question de signer n’importe où, n’importe comment. Les règles sont strictes : un graffiti ne peut être effacé que s’il a été préalablement pris en photo et consigné dans un album. Le gardien des lieux, Meres One, nous offre en personne la visite de ce musée à ciel ouvert. Une visite d’autant plus essentielle que ce musée est voué à disparaître.
PARIS
Artiste : Ludo
Réalisatrice : Laurie Grosset
« Défense d’afficher » peut-être, mais les panneaux publicitaires, eux ne sont pas interdits…
Dénonçant cette forme de pollution visuelle, Ludo a décidé de détourner les marques qui font la renommée de Paris pour nous vendre des plantes mutantes : cactus insultants, ananas mortels… Une belle manière de nous rappeler que dans la ville de la mode et du chic, « greed is the new color » !
SAO PAULO
Artiste : Alexandre Rrion
Réalisateur : Pedro Watanabe
S’il fallait désigner la capitale du street art, alors on élirait sans hésiter, l’une des villes les plus intéressantes du moment : Sao Paulo. 18 millions d’habitants, un taux d’insécurité les plus élevés au monde, des embouteillages légendaires et pourtant une énergie et une créativité palpables à tous les coins de rue. Parmi les milliers de dessins que recensent les murs de la ville, ceux d’Alexandre Orion ont une particularité. Au lieu d’utiliser la bombe ou le pinceau, lui nettoie les murs pour faire apparaître des têtes de mort. Mais lorsque la police arrive, ce sont ses images qu’elle préfère effacer ! La pollution, elle, peut rester…
SINGAPOUR
Artiste : Trase one
Réalisateur : The Shadow Director
En peuplant la ville de Singapour de son petit skateur peint au pochoir (The Shadow Skater), Trase One propose une belle allégorie de ce que sont les graffeurs.
L’artiste qui peint dans la ville, fait corps avec elle. Il glisse d’un mur à l’autre, d’une rue à l’autre, en connaît les moindres ombres, les moindres lumières et parvient donc toujours à se faufiler là où on l’attend le moins. Et dans une ville sur réglementée comme Singapour, cette démarche est un véritable geste politique.
TURKU
Artiste : Pallo
Realisateur : Timo Wright
Dans les yeux du street art, la société contemporaine est à la fois violente et dépressive. Quand règne l’ordre et la tranquillité comme à Turku en Finlande, il faut tromper l’ennui : là-bas, créer sert à s’évader et à fuir ses peurs.
Pallo, non sans humour, se soigne en dessinant sur des murs abandonnés. Entre deux bières et trois cauchemars, il dessine des monstres, de gros monstres qui lui courent après…
Une production La maison du directeur, Camera Talk, France Télévisions Nouvelles Ecritures et France 3 Paris-IDF. En partenariats avec Libération, Nova, Dailymotion et le WIP de la Vilette
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Antoine
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