France Télévisions a lancé une campagne pour lutter contre le racisme ordinaire. Les témoignages affluent pour raconter et dénoncer le racisme au quotidien.
J’ose espérer que le racisme est devenu un « gros mot », que plus personne ne peut se revendiquer ouvertement raciste sans rougir. Et pourtant, le racisme n’a pas disparu, loin de là. Les discriminations racistes persiste dans notre société, à l’embauche ou à l’entrée des boîtes de nuit pour ne citer que ces deux exemples, parmi tant d’autres.
« Tu viens d’où ? »
Je m’étonne qu’on ne me demande jamais d’où je viens quand je dis que je suis française, ou que je précise « Lorraine », alors que d’autres se voient systématiquement demander d’où ils viennent « vraiment » :
#RacismeOrdinaire, « Les mots qui font mal »
Ces questions, ces remarques sont loin d’être des faits isolés. Ils font partie du quotidien des personnes au faciès d’apparence et/ou aux patronymes à consonance « étrangers ».
Rokhaya Diallo l’explique sur le site :
« Le racisme ordinaire, ce sont toutes ces petites phrases, ces remarques qui peuvent peut être paraître inoffensives à celles et ceux qui les prononcent, mais sont blessantes et insultantes pour celles et ceux qui les reçoivent.
Ce que j’appelle le racisme ordinaire, ce sont toutes ces petites phrases qui sont empruntes de préjugés que l’on entend de manière quotidienne mais contre lesquelles on n’a pas de recours légal et qui constituent selon moi des micro-agressions.
Dans la répétition, elles installent chez les gens qui les reçoivent le sentiment qu’ils ne sont pas français à part entière. Elles leur rappellent sans cesse qu’ils ne sont pas blancs, qu’ils ne sont pas chrétiens. Même si, individuellement, ces phrases n’ont pas l’air grave, elles créent une atmosphère et un climat de rejet. »
Sur #RacismeOrdinaire, les témoignages affluent :
« Je suis métisse et dans une conversation un directeur de société m’a demandé : « En fait tu te sens noire ou blanche ? »
Personnellement, je me sens Schtroumpf, mais on ne me pose jamais la question, bizarrement.
« Scénariste de profession, je propose une série sur des maghrébins aisés qui tendrait à démontrer que ce qui sépare le plus les gens c’est moins leur couleur de peau que leur différence de classe sociale.
Réponse d’un producteur « Des maghrébins aisés ? Tu es fou ou quoi ? C’est de la science-fiction. Tu imagines la tête des diffuseurs quand ils vont entendre ça? Pour eux ça n’existe pas ».
De la science-fiction, on vous dit ! C’est sans doute pour ça que les États-Unis ont Star Wars, et que nous, on a Il reste du jambon ?.
« Entretien d’embauche dans une grande entreprise. En fin d’entretien, je demande à quelle échéance ce recruteur pense me faire un retour. Il sourit et me dit « Vous avez de la chance vous êtes noire et jolie, votre cas aurait pu être pire noire grosse et moche. Je ne vous embaucherai pas mais vous trouverez quelqu’un qui le fera grâce à votre physique. »
Choquée je l’ai remercié pour l’entretien avant de tourner les talons ».
… Sans commentaire.
« Ce matin, un de mes voisins m’interpelle à propos d’une bâche mal fixée sur mon appentis et « qui vole au vent » : « Un de mes copains m’a demandé si tu n’hébergeais pas un Rom ». S’ensuit un rire gras… Et finalement gêné. Mon nom est d’origine roumaine ».
Quand je pense qu’on ne m’a jamais fait de blague sur ma « tronche de pizza » d’acnéique et mes origines italiennes…
Ces témoignages sont extraits de la page #RacismeOrdinaire.
Réagir pour changer les choses
Des conseils pour agir sont également proposés sur le site. La page « Vos droits » détaille notamment la procédure à suivre pour porter plainte.
Mais l’initiative de France Télévisions doit surtout profiter à celles et ceux qui sont témoins de ces petites phrases, pour qu’ils sachent que ces phrases ne sont pas anodines et qu’il ne faut pas les laisser passer.
Pour ceux qui douteraient (encore ?!) du côté complètement déplacé, stupide, et particulièrement du racisme ordinaire, ce sketch le résume bien (avec sous-titres) :