France Télévisions met en ordre de marche sa stratégie dans le numérique

Bruno Patino a détaillé ce matin les grands axes de la stratégie du groupe. Au menu, applications, plate-forme pour l'information et le sport, et, bien sûr, télévision connectée.

Il y a trois ans, la Commission Copé avait voulu faire de France Télévisions un « media global » de l'ère numérique. En prenant pour modèle la BBC. On n'en est pas encore là, mais cela avance. Ce grand chantier est l'affaire de Bruno Patino, devenu directeur général délégué au développement numérique et à la stratégie dans le sillage de la nomination de Rémy Pflimlin à la présidence de France Télévisions.  A l'aube de la télévision connectée qui promet de bouleverser tous les équilibres télévisuels, à l'heure de l'explosion des vidéos sur Internet, de la généralisation des smartphones et tablettes, le groupe public veut concentrer ses efforts sur une ligne claire.  « L'offre numérique était un peu paradoxale quand je suis arrivé. Très riche avec environ 150 sites, mais peu puissante et limitée à un certain nombre d'usages », a estimé ce matin Bruno Patino en faisant un premier point d'étape sur sa stratégie.  « France Télévisions ne peut pas limiter son offre à un outil qui est le téléviseur. Nous devons proposer des programmes pour tous les usages », a-t-il expliqué.  Première application concrète : le lancement aujourd'hui d'une application pour iPhone et iPad, qui permet notamment de voir en direct n'importe quelle chaîne du groupe, ainsi que tous les programmes diffusés sept jours avant.

Espoir et appréhension

Le nouveau « Monsieur numérique » du groupe, passé par Le Monde, Télérama et France Culture, s'est fixé cinq priorités : renforcer l'offre de France Télévisions sur l'information et le sport (une plate-forme dédiée à l'information sera lancée d'ici la fin de l'année et une autre consacrée au sport en 2012) ; rationaliser l'offre internet pour les programmes et les chaînes (baisse du nombre de sites, guide électronique des programmes...) ; mettre en oeuvre une offre délinéarisée, dans le sillage du site Pluzz lancé l'été dernier par l'ancienne équipe de direction ; préparer le lancement de la télévision connectée ; et, enfin, investir dans des programmes (fiction et documentaires) spécialement conçus pour être déclinés dans le monde numérique (webdocs notamment). Au total, le numérique représente une enveloppe de 50 millions d'euros cette année. Une augmentation significative par rapport à 2010 (30 millions d'euros), mais encore une goutte d'eau dans le budget du groupe (plus de trois milliards d'euros).

Comme ses concurrents du privés, France Télévisions attend l'arrivée de la télévision connectée avec un mélange d'appréhension et d'espoir. Une certitude partagée par tous  : elle va « bouleverser les usages ». Pour le reste, c'est l'inconnu. « On veut des systèmes ouverts mais régulés », a plaidé Bruno Patino.  Avec ses homologues du privé, France Télévisions a signé une charte pour protéger son signal. Quant à la commission Copé pour la télévision publique, elle reprend ses travaux pour vérifier si ses préconisations de 2008 en matière de programmes et d'organisation ont été suivies d'effets. Mais en trois ans, la révolution numérique a énormément changé la donne.

GRÉGOIRE POUSSIELGUE