Le direct d’Allô Docteurs est terminé depuis quelques minutes.
Quelques instants avant la fin de l’émission, Michel Cymès vient encore une fois de se faire rappeler à l’ordre par Marina Carrère d’Encausse. Il tentait d’improviser lors d’un appel à témoin concernant des femmes qui se sont fait refaire les seins.
Et cette séquence leur a d’ailleurs encore une fois valu les « honneurs » du Zapping sur Canal +.
Et pourtant ce jour là, dans Le Magazine de la Santé, Marina Carrère d’Encausse avait, elle aussi, été facétieuse avec une chroniqueuse en la reprenant sur son il est vrai très approximatif accent anglais. Michel Cymès le lui avait d’ailleurs fait remarquer : « Quand c’est moi, ça ne passe pas et quand c’est vous, c’est tout en délicatesse »
J’ai donc proposé à Michel Cymès de commencer l’interview en revenant sur son amusant appel à témoin dont voici le dialogue pendant Allô Docteurs … Action !
Michel Cymes : … Si vous avez fait appel à la chirurgie esthétique pour avoir de plus beaux seins (dit-il avec gravité avant de s’arrêter)
Marina Carrière d’Encausse : Continuez…
M. C : Et que vous souhaitez venir nous les montrer sur ce plateau…
M. C.d’E. : Non arrêtez, la journaliste va vous tuer (Grand rires de Michel Cymes et de l’invité masculin…) Laissez tomber …
M. C. : Essayez de me contacter personnellement… (Marina tente de reprendre la main en lisant le vrai texte de l’appel à témoin) Vous envoyez les photos d’abord et on voit si on peut vous inviter sur ce plateau.
M. C. : (tentant de le couper) Exceptionnellement, Michel ne sera pas là ce jour là !
M. C. : Contactez nous au 01 58 88 85 21 … Et, bien sûr que je serai là. Et je serai là demain aussi
M. C. d’E. : Bon après midi.
Top générique de fin.
Deux minutes plus tard devant l’entrée du bâtiment…
Vous venez de relancer un appel à témoin pour des femmes à fortes poitrines …
Michel Cymes : Pas de femmes à forte poitrine, des femmes qui se sont fait refaire les seins
(Vous retrouvez ici la précision du médecin et l’approximation du blogueur hors de ses spécialités !)
Et vous avez grillé le sujet pour combien de semaines ?
M. C : (Rires) je ne sais pas. Non, mais parfois même en déconnant sur l’appel à témoins, les gens appellent, écrivent ou viennent sur le plateau.
Vous vous voulez dire que cela les motive ?
M. C. : On a quand même moins de chance d’avoir des témoins quand je le fais comme ça que quand je le fais sérieusement.
Pourtant, maintenant on vous connait…
M. C. : Oui et puis sur un sujet comme celui là, c’est quand même compliqué de le dire sérieusement. Et puis, pour venir sur le plateau, il faut être un peu exhibitionniste.
Quels sont les invités les plus difficiles à trouver ?
M. C. : Étonnamment, même les sujets les plus incroyables… je pense à un sujet récent : l’incontinence annale… vous ne pouvez pas faire plus tabou… et bien les gens viennent.
Est-ce qu’il y a une petite part d’exhibitionnisme? Est-ce qu’il y a une petite part de je veux passer à la télé. Probablement.
Mais il y a aussi je pense une part de confiance en Marina et moi et dans le fait que l’émission est sérieuse. Ils viennent parler chez nous alors qu’ils n’iraient probablement pas dans une émission différente sur d’autres chaines.
Est-ce aussi dû au fait que vous êtes tous les deux médecins ?
M. C. : Oui, le fait d’être médecin rassure les gens. Même si j’ai l’image d’un déconneur, c’est justement sur les sujets chauds ou sensibles comme ceux-là que je fais gaffe.
Vous invitez des malades mais faut-il être un peu malade (ou médecin) pour faire de la télé, pour animer des émissions de télévision ?
M. C. : Non, mais la télé rend malade.
Le fait d’être médecin facilite grandement les choses pour une émission médicale. La télé peut rendre malade si vous ne faites pas un peu gaffe, si vous n’avez pas les pieds sur terre.
Vous ne proposez jamais d’interviews larmoyantes, est ce volontaire, une manière de faire ?
M. C. : D’abord on ne veut pas mettre les gens mal à l’aise ou faire genre vite, vite on resserre le cadre dès que quelqu’un a les larmes aux yeux. On n’est pas dans ce trip là.
C’est cependant parfois arrivé. Il y a des gens qui ont pleuré sur le plateau. Mais comme je suis très émotif, s’ils se mettent à pleurer, je vais m’y mettre aussi. Alors j’évite de le faire.
D’ailleurs, si on diffuse aussi un sujet un peu trop triste j’éviter de le regarder pendant le direct.
Comment s’assure-t-on que les invités ne sont pas des « imposteurs » ?
M. C. : C’est compliqué. Il y avait eu l’histoire d’un homme qui participait régulièrement au Sidaction et qui n’était pas séropositif.
Quand un mec vient pour une incontinence anale, je ne vais pas aller vérifier s’il porte des couches. Si quelqu’un nous dit avoir l’hépatite C sans l’avoir, on ne va pas aller vérifier sa séroconversion
On a aujourd’hui l’habitude et, dans leur discours on peut la plupart du temps remarquer si ce sont des affabulateurs ou non. Et puis, quelqu’un qui ment très bien sur une fausse maladie mériterait d’être invité car il est aussi malade.
Comment se passe la préparation d’une émission ?
M. C. : On a d’abord une équipe qui est aujourd’hui très importante.
Entre ceux qui partent tourner, les cadreurs, les journalistes, la production, l’administratif, les rédacteurs en chef, il doit y avoir aujourd’hui une centaine de personnes qui travaille tous les jours sur l’émission.
Benoit Thévenet est en charge de toute la rédaction. Il travaille avec trois rédacteurs en chef adjoints (Setti Dali, Diana Rapuch & Benjamin Batard).
Et de quelle manière Marina Carrère d’Encause et vous-mêmes intervenez dans la préparation des émissions?
M. C. : Marina (aussi Directrice de la Rédaction) est plus les mains dans le cambouis que moi. Marina et moi travaillons plus en amont c’est-à-dire au moment des brainstormings pour écrire des sujets. On travaille aussi à trouver les invités. Nous supervisons enfin l’émission sur la partie médicale. L’équipe vient régulièrement nous chercher pour comprendre et pour profiter de notre réseau médical.
A quel moment sont préparés les sujets pour le journal ?
M. C. : Ils sont préparés le matin même. Le reste, qui est un peu plus froid – les chroniques, le carnet de santé, le 7 minutes, les invités – est préparé avec de l’avance.
Comment sont écrits vos textes ?
M. C. : Marina reçoit toutes les informations pour chaque rubrique d’un peu partout dans la rédaction. Elle construit alors l’émission et réécrit.
Elle réécrit beaucoup moins maintenant car tout le monde et bien rôdé.
De mon coté, je me suis occupé par exemple ce matin du sommaire de l’émission avec le rédacteur en chef qui s’occupe de cela. On a alors regardé tous les sujets, dans quoi on pouvait mettre du in (images+son à l’antenne), dans quoi on pouvait mettre du off (une image sans le son commentée en voix off en plateau) et puis j’ai écrit le sommaire.
Dans 7 minutes pour une vie, vous réussissez à tourner dans des hôpitaux. Comment y arrivez-vous ?
M. C. : Très facilement. C’est le résultat de la crédibilité qu’on a pu acquérir en plus de 10 ans. On est aujourd’hui accueilli les bras ouverts partout. On n’a jamais de refus. Les directeurs d’hôpitaux, les chefs de service savent très bien que l’on va faire quelque chose de sérieux, qu’on n’est pas dans la médecine spectacle. On choisit et on a l’autorisation quasi systématiquement.
Et concernant les autorisations des malades ?
M. C. : Si on doit tourner à Paris par exemple, cela passe d’abord par l’APHP (l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) qui contacte un directeur de l’hôpital, qui contacte le chef de service. Charge ensuite au chef de service et à nos équipes de faire signer les autorisations de diffusion. Mais franchement on n’a jamais de soucis.
Combien avez-vous d’auteurs pour vos blagues pendant l’émission ?
M. C. : Aucun ! Je suis mono-auteur. Je n’arriverais pas à trouver quelqu’un qui puisse écrire autant de conneries.
On me pose souvent la question mais elles ne sont pas préparées. A part la citation de Freud aujourd’hui, je ne prépare pas. Par contre, pendant les répétitions si j’ai une idée de connerie je me la note. Mais en général c’est spontané, cela vient pendant l’émission.
Vous étiez d’ailleurs en retenue sur l’une des chroniques du jour où l’on parlait longuement de mouvements de bouches et de raideurs.
M. C. : Oui, là, sur cette chronique, je me suis retenu. Il y a des choses que je n’ai pas dites.
On vous a vu les penser fort !
M. C. : Oui j’ai été cool aujourd’hui !
Les équipes de French TV (réception des questions SMS) m’ont expliqué qu’il y avait chaque jour une vingtaine de messages qui vous étaient destinés.
M. C. : Ah bon ? Ils ne me le disent pas ces enfoirés !
Ils ne vous les transmettent pas ?
M. C. : Mais si, à l’antenne, mais uniquement celles qui me cassent. Hier, le message de celui qui a écrit que grâce à ma chemise il a réussi à régler la lumière et le contraste de sa télé, ils me l’ont envoyé en direct dans Allô Docteur.
Un autre jour il y avait un type qui était complexé car il me ressemblait… Ils m’ont mis le message à l’antenne. Mais ils mettent rarement ceux qui sont sympa !
Pourtant j’ai vu qu’il y avait un bouton sous la table qui vous permettait de changer la question, de passer à une autre.
M. C. : Oui c’est vrai que parfois ils sélectionnent des questions sans savoir ce qu’ils mettent ! (Rires)
Mais vous aviez laissé la question sur votre chemise ?
M. C. : Oui, j’aime bien quand on me tacle. C’est rigolo et toujours fait avec beaucoup d’affection.
Merci à Michel « MC » Cymès pour ses réponses et à toute l’équipe pour son accueil.
Cette interview sera suivie dans les prochains jours d’articles sur les coulisses du tournage du Magazine de la Santé et de Allô Docteurs.
Ecrit par Emmanuel Matt Média un autre regard